grandir…

On se lance dans une aventure comme celle-ci avec de la poudre aux yeux et des utopies dans la tête. On imagine des clichés. On s’invente des ambitions.

Ces premières semaines nous auront permis de faire rapidement le point, à commencer par la lourdeur du sac, au sens propre pour une fois (enfin… quoi que…). Qu’avait-on choisi lorsqu’on était là-bas dans le froid ? Qu’avait-on imaginé de l’essentiel, du nécessaire ? Nous voyageons avec le minimum et il y a encore beaucoup trop. Nous donnons. Nous laissons. Nous lâchons.

Et mon cœur de maman qui s’emballe à chacun de mes pas. Mes trois petits soleils de baroudeurs ont fait de leur intarissable curiosité une force à rompre toutes les frontières. Comment ne pas adorer les voyages avec pour compagnons de route des êtres aussi intéressés et intéressants ? Je les redécouvre encore plus aimables qu’avant, à nous soutenir, à s’adapter en toute situation, comme par exemple lorsqu’on se retrouve au milieu de Los Angeles à 21h le soir sous une pluie battante avec un plan logement qui vient de s’effondrer ; les voilà tendres et discrets, à organiser un jeu entre eux pour que nous puissions trouver une solution. Ou lorsqu’un sac est mal fait, voici un plan de secours qui se met en place sans que j’aie besoin d’intervenir pour que tout soit emballé à temps. Ils dorment où on leur demande de dormir. Ils mangent ce qu’on peut manger à ce moment-là…et ils y comprennent l’intérêt. Ils font preuve d’une autonomie qui me surprend et d’une solidarité presque inébranlable qui me donne confiance en leur avenir et m’aide à comprendre leur présent.

Nous nous attelons à un peu de devoirs pour l’école dès que cela est possible. Les pieds dans le sable. Dans un avion. À l’arrière d’un bus. Sous la couverture d’une chambre d’hôtel. On réalise, si besoin était, qu’il n’existe pas de force de frappe plus puissante en éducation que la créativité de ceux chargés de la transmettre, qu’il n’existe pas de vérité plus crasse que le sens critique des enfants qu’on veut bien écouter, qu’un esprit intéressé apprend, qu’un enfant surmené subit.

On pense élever nos enfants mais en réalité c’est nous qui grandissons grâce à eux …